Un cadre de vie agréable, un matériau qui respecte l’environnement… les atouts du bois dans la construction sont nombreux et ne laissent pas indifférents les pouvoirs publics. Reste à passer à l’acte en prenant enfin en compte l’impact de la pollution dans le coût d’un bâtiment.
La maison en bois, un art de vivre
« Gemütlich » (aimable, chaleureux, convivial en français) : c’est ainsi que les Suisses allemands aiment décrire l’ambiance de leur intérieur en bois. Un matériau qui joue un rôle fondamental dans l’art de vivre germanique, que l’on retrouve dans tous les pays du Nord de l’Europe, jusqu’en Alsace, et qui a aujourd’hui tendance à s’exporter.
Le lieu où l’on vit détermine en grande partie ce fameux art de vivre, et c’est bien ainsi que les gens vivant dans une maison en bois qualifient généralement leur environnement. Le bois crée en effet un cadre de vie serein et rassurant, en harmonie dans le paysage.
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Un matériau sain et isolant
Outre son côté chaleureux, qui relève somme toute du subjectif, le bois possède des qualités objectives. Par sa grande capacité à absorber et à restituer l’humidité de l’air, il crée un « climat » intérieur sain. Possédant une faible inertie thermique, il régule rapidement les changements de température et s’avère être un bon isolant, douze fois supérieur au béton !
Mais s’il convient aux pays froids, le bois s’adapte également très bien à la chaleur, au prix de quelques aménagements : système d’aération, volets brise-soleil, dalle ou mur intérieur.
Il a également le mérite d’être léger… une construction en bois est cinq fois moins lourde qu’une construction maçonnée. Un avantage non négligeable pour certains terrains peu porteurs (le sable, par exemple), d’autant qu’il a une grande résistance à l’eau.
Enfin, le bois a cette particularité de durer. Les pilotis de Venise sont là pour en témoigner.
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Des réalisations originales avec les maisons en bois
Vivre dans une maison en bois ne signifie pas pour autant vivre dans une maison de poupée, ni dans un chalet suisse, ni même encore dans une maison à colombages. Le bois n’exclut pas l’esthétique moderne, et les architectes qui savent le travailler reconnaissent à cette matière une grande souplesse architecturale permettant des réalisations variées.
La matière même du bois et les dimensions réduites des sections travaillées permettent une plus grande liberté dans la création des formes, notamment panoramiques, qu’avec un autre matériau. Jouant avec la nature, le paysage, le soleil, Romuald Marlin crée des maisons « bioclimatiques » qui établissent un dialogue permanent entre l’intérieur et l’extérieur. Pour une réelle dimension qualitative et interactive de l’architecture.
Lutter contre le réchauffement de la planète
Si le bois dans la construction commence à intéresser les pouvoirs publics, c’est avant tout parce qu’il présente de nombreux atouts en matière de préservation de l’environnement. A commencer par la faible consommation d’énergie nécessaire à sa fabrication, à sa transformation et à sa mise en œuvre. Or, cette consommation d’énergie détermine largement l’impact d’un matériau sur son environnement. A la différence des autres matériaux, le bois est très peu « énergivore », quatre fois moins que le béton et soixante fois moins que I acier !
De plus, les déchets liés à sa transformation sont recyclés dans la fabrication de matériaux recomposés (laminés, collés) et dans la combustion pour chauffage. Peu d’énergie, pas de déchets, on pourrait en rester là. Pourtant, le bois a une autre qualité, exceptionnelle en notre époque de climat déréglé, il participe activement à la lutte contre le réchauffement de la planète. Explication.
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Durant sa croissance, l’arbre absorbe du dioxyde de carbone (C02), évitant à ce gaz de se répandre dans l’atmosphère, de la réchauffer et de contribuer ainsi au changement climatique. Mais arrivé en fin de vie, l’arbre se décompose, si bien que le gaz absorbé retourne dans l’atmosphère. Le bilan en C02 est donc nul. En revanche, si l’arbre est récolté à maturité, un nouvel arbre poussera à sa place, qui absorbera du C02, tandis que celui contenu dans l’arbre utilisé pour la construction restera fixé dans ses fibres. Le bois contient en effet une tonne de C02 au m3.
Ainsi, là où les autres matériaux de construction rejettent du C02 lorsqu’ils sont extraits ou transformés, le bois en absorbe pendant la croissance de l’arbre et n’en rejette que très peu durant sa transformation. Son bilan en C02 est donc positif pour la planète, et la construction en bois devient le lieu par excellence du « stockage durable »
Une bonne coupe régénère la forêt
On l’aura compris, si le bois s’intègre parfaitement à la problématique du développement durable qui prétend satisfaire les besoins présents sans compromettre l’aptitude des générations futures à couvrir les leurs », encore faut-il qu’il soit associé à une gestion conséquente de la forêt. Prélever du bois, lorsque c’est fait de manière intelligente, est bon pour l’environnement. A l’inverse, piller une forêt sans règles et sans retenue est un crime contre l’environnement. Si bien que le caractère écologique du bois en tant que matériau de construction dépend entièrement du mode de gestion de la forêt dont il est issu.
Selon Marc Voulain, spécialiste, « on doit faire la distinction entre l’exploitation des forêts modifiées depuis longtemps par l’homme et, de ce fait, fortement réglementée, comme en Europe, et celle, moins bien encadrée, des forêts tropicales ou boréales, des fronts pionniers, où règne souvent un laisser-faire destructeur. N’oublions pas que ces régions sont elles aussi appelées à se développer.
Les forêts y seront mieux protégées si l’on cherche à exploiter leurs ressources durablement.
Une bonne coupe régénère la forêt, une coupe anarchique la détruit ! Aussi, avant d’acheter du bois convient-il de bien se renseigner sur sa forêt d’origine, et notamment sur sa certification. Le sommet de Rio (1992) puis la conférence d’Helsinki (1993) ont fixé les principes de gestion durable de la forêt et établi des écocertifications permettant d’identifier le bois issu d’une forêt gérée selon ces principes.
Dans ce domaine, force est de constater que les grandes campagnes de sensibilisation des ONG environnementales ont eu un effet à double tranchant. Si elles ont permis une prise de conscience de l’état catastrophique de certaines forêts tropicales, elles ont également jeté la suspicion sur l’ensemble de la filière bois, même lorsque celle-ci participait pleinement à l’accomplissement d’un « monde meilleur ».
Maison en bois : le meilleur écobilan
Ce n’est pas donc un hasard si la construction en bois a été évoquée dans la loi sur l’air (1996). Mais il a fallu attendre 2015 et la signature de la charte Plan Bois Construction pour que l’État, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (Ademe) et neuf organisations professionnelles du bâtiment s’engagent à augmenter la part du bois d’ici 2022, en la faisant passer de 10 à 12,5 %. L’objectif est modeste.
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Sera-t-il atteint ? Pas sûr. Problème de coût. Car la construction en bois demeure plus chère que la maison maçonnée, de 5 à 15 %. Même si, comme le précise l’architecte, « le bilan d’exploitation au bout de huit ans est largement en sa faveur », notamment grâce aux économies d’énergie réalisées.
Bien entendu, si l’on prenait en compte « l’écobilan » c’est-à-dire le coût de l’impact environnemental des différents matériaux (matières premières utilisées, énergie consommée, pollution engendrée), autrement dit, si on appliquait à la lettre le principe pollueur/payeur, le bois battrait tous les records ! Paradoxe d’une époque qui prend conscience des dégâts qu’elle inflige à la planète mais se refuse encore à des mesures permettant concrètement de changer le cours des choses. La maison en bois ne progresse donc que lentement, bien trop lentement au regard des enjeux actuels.
La maison en bois brûle-t-elle plus facilement ?
Contrairement à une idée reçue, le bois offre une excellente résistance au feu. Sa mauvaise conductivité thermique, sa teneur en eau et la croûte carbonisée isolante qui se forme au contact du feu, freinent en effet la combustion. En outre, lors d’un incendie, une structure en bois perd moins facilement sa capacité portante qu’une structure en acier ou en béton armé. Le bois transmet 10 fois moins vite la chaleur que le béton et 250 fois moins vite que l’acier. La meilleure preuve ? Les compagnies d’assurance n’imposent aucune surprime pour assurer une maison en bois.
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