Depuis début 2023, on a observé un phénomène inquiétant : les océans ont subi une élévation de température extrême pendant plus de 450 jours. Je me suis penché sur une étude récente, publiée le 28 janvier 2025 dans Environmental Research Letters, qui apporte enfin des explications précises à cet événement. Menée par des chercheurs de l’Université de Reading au Royaume-Uni, cette étude montre que la chaleur absorbée par les océans a largement dépassé les prévisions des scientifiques, au point de surprendre même les climatologues les plus pessimistes.
Une accélération alarmante de l’absorption de la chaleur
Grâce à l’analyse de données satellitaires remontant à 1985, on sait désormais que la capacité des océans à absorber la chaleur a été multipliée par quatre en 40 ans. Cela s’explique par un déséquilibre croissant du bilan radiatif terrestre, c’est-à-dire la différence entre l’énergie solaire reçue par la Terre et celle qu’elle renvoie dans l’espace sous forme de rayonnement infrarouge.
Depuis 2010, cet excédent énergétique a doublé, ce qui signifie que notre planète stocke de plus en plus de chaleur au lieu de la renvoyer. Or, les océans absorbent près de 90 % de cette énergie supplémentaire, ce qui explique l’augmentation rapide et persistante de leur température. En tant qu’observateur du changement climatique, je ne peux qu’être préoccupé par les impacts de cette situation sur les écosystèmes marins et la fréquence des catastrophes naturelles.
Ce qui explique ce réchauffement exceptionnel des océans
Si on veut comprendre pourquoi les océans se réchauffent si vite, il faut regarder plusieurs facteurs. D’abord, il y a l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, causée en grande partie par l’usage massif des énergies fossiles. Ces émissions sont responsables de 44 % de la chaleur excédentaire absorbée par les océans, y compris lors des années marquées par El Niño, un phénomène climatique naturel qui accentue déjà le réchauffement des eaux de surface.
Ensuite, un effet inattendu a joué un rôle majeur : la réduction des aérosols sulfurés dans l’atmosphère. Avec les efforts de dépollution menés ces dernières années, notamment en Chine et dans le transport maritime, on a considérablement diminué ces particules dans l’air. Cela a certes permis d’améliorer la qualité de l’air, mais aussi d’affaiblir la formation des nuages marins, qui agissent normalement comme un bouclier en renvoyant une partie du rayonnement solaire. Résultat : l’océan absorbe encore plus de chaleur qu’auparavant.
Enfin, quand on regarde les projections des scientifiques, on comprend que ce phénomène ne va pas s’arrêter là. Les décennies à venir risquent de voir une augmentation encore plus marquée de la température des océans, avec des effets désastreux. On peut s’attendre à une destruction accélérée des écosystèmes marins et à une multiplication des tempêtes et ouragans dans les régions tropicales.
Ce que cela signifie pour nous et pour l’avenir
Face à ces constats, on ne peut pas rester indifférents. Pendant longtemps, on a cru que les océans pouvaient absorber une grande partie de la chaleur excédentaire sans trop de conséquences, mais aujourd’hui, il est clair qu’ils atteignent leurs limites.
Je pense qu’il est urgent d’agir pour limiter l’impact du changement climatique. Réduire les émissions de gaz à effet de serre doit être une priorité, mais on doit aussi repenser notre relation avec les océans et leur rôle essentiel dans l’équilibre climatique mondial. Peut-on encore inverser la tendance ? Je suis convaincu que si on prend les bonnes décisions dès maintenant, on peut encore limiter les dégâts. Mais la question reste ouverte : serons-nous capables d’agir à temps ?
